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François Mauriac. Thérèse Desqueyroux

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Разработка содержит материалы о творчестве французского писателя Франсуа Мориака, резюме и фрагмент романа "Тереза Дескейру.

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«François Mauriac. Thérèse Desqueyroux»

François Mauriac. Thérèse Desqueyroux



I. Lisez le texte et répondez aux questions :



1. De quelle famille provient François Mauriac ?

2. Comment étaient son enfance et sa jeunesse ?

3. Comment étaient ses premières expériences littéraires d’enfance ?

4. Qu’est-ce qu’il faisait après son baccalauréat ?

5. Qu’est-ce qui a interrompu sa carrière littéraire?

6. Quels ouvrages a-t-il écrits après la victoire de 1918 ?

7. Quel est l’idéal et le thème central de ses romans ?

8 Quelle était son activité politique pendant la guerre d'Espagne, sous l'Occupation et pendant la Guerre froide?

9. Quels problèmes du développement mondial l’intéressaient aussi ?

10. Quels ouvrages de François Mauriac  sont les plus connus ?

11. Qui était François Mauriac ?

François Mauriac

François Mauriac, né le11 octobre 1885 à Bordeaux et mort le 1er septembre 1970 à Paris, est un écrivain français. Lauréat du Grand prix du roman de l'Académie française en 1926, il est élu membre de l'Académie française  en 1933. Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1952.

François Mauriac est fils de Jean-Paul Mauriac (1850-1887), marchand de bois merrains et propriétaire terrien dans les Landes de Gascogne, et Claire Mauriac née Coiffard, héritière d'une famille du négoce bordelais.

Dernier d'une fratrie composée d'une sœur aînée et de trois frères, François Mauriac est orphelin de père à vingt mois, après la mort subite de celui-ci en 1887. Il vit toute son enfance très entouré par une mère très pratiquante, dont il est le fils préféré et celui qui gère toutes les affaires familiales, par sa grand-mère et sous le tutorat de son oncle Louis Mauriac, magistrat (seul frère cadet de son père).

Outre les divers logements que la famille occupera à Bordeaux, son adolescence est marquée par plusieurs lieux girondins qui tous, marqueront profondément son œuvre, il les peindra dans la plupart de ses romans.

Après avoir écrit, dans son enfance, de petits textes et poèmes, il compose à treize ans sa première réelle œuvre, un mélodrame de jeunesse intitulé Va-t'en !, dédié à sa sœur Germaine.

En 1902, la mort de sa grand-mère Irma est un profond choc pour l'adolescent qu'il est, constatant la profonde hypocrisie de sa famille religieuse et bourgeoise qui se partage déjà l'héritage à côté de l'agonisante.

François Mauriac rate la seconde partie du baccalauréat de philosophie et doit redoubler, préférant refaire une année au lycée public de Bordeaux. Dans cet établissement il a découvert beaucoup de textes et d’idées qui marqueront sa jeunesse.

Après son baccalauréat obtenu en juillet 1904, il étudie la littérature à la faculté de Bordeaux. Puis, sa famille l'envoie avec une rente annuelle de 10 000 francs à Paris, où il s'installe le 16 septembre 1907 pour intègrer l'École des chartes et l’abandonner très rapidement  pour se consacrer entièrement à l'écriture en publiant des poèmes, à son compte, dans la Revue du temps présent.

Son premier volume de poèmes, Les Mains jointes, est publié en 1909, mais il ne sera connu du grand public qu'une dizaine d'années plus tard.

Sa carrière littéraire est interrompue par la Première Guerre mondiale, durant laquelle il s'engage un temps, bien que réformé et de santé précaire, dans un hôpital de la Croix-Rouge à Salonique. Après la victoire de 1918, il reprend ses activités et publie, en 1921 Préséances, qui le brouille pour longtemps avec la bonne société bordelaise, puis, en 1922, Le Baiser au lépreux.

Dans une vie d'abord marquée par les mondanités littéraires (jeune, il fréquente les salons), puis par des engagements politiques guidés notamment par un idéal chrétien socialisant, Mauriac est avant tout occupé par la composition d'une œuvre romanesque, où il se révèle un remarquable analyste des passions de l'âme et un virulent pour fendeur de la bourgeoisie provinciale (GenitrixLe Désert de l'amourThérèse DesqueyrouxLe Nœud de vipèresLe Mystère Frontenac). La plupart de ses romans évoquent, avec une certaine intensité tragique, le conflit entre la foi et la chair et développent plusieurs images récurrentes comme le fameux « désert » spirituel que les personnages doivent traverser.

La qualité de ses romans et de sa poésie lui vaut d'être triomphalement élu à l'Académie française.

Tout en poursuivant son œuvre littéraire (La Fin de la nuit, première suite de Thérèse DesqueyrouxLes Anges noirs), il prend part à de nouveaux combats politiques, notamment au moment de la guerre d'Espagne, d'abord en faveur des Nationalistes avant de se ranger, dès le drame de Guernica connu, avec les chrétiens de gauche qui s'expriment dans les revues Esprit ou Sept, aux côtés des Républicains espagnols. 

Sous l'Occupation, après quelques hésitations devant la Révolution nationale lancée par le maréchal Pétain, il publie en 1941 La Pharisienne, qui peut se lire en creux comme une critique du régime de Vichy et qui lui vaut d'être désigné comme « agent de désagrégation » de la conscience française par les thuriféraires de l'Ordre nouveau. Au sein de l'académie française, il fait partie avec Georges Duhamel, Louis Gillet et Paul Valéry du petit groupe tenant tête à la fraction pétainiste de l'institution. Il adhère au Front national des écrivains et participe à l'œuvre de Résistance à travers la presse clandestine (Les Lettres françaises notamment). Il fait paraître en 1943, aux Éditions de Minuit, sous le pseudonyme de « Forez », Le Cahier noir, qui est diffusé sous le manteau.

Au moment de l'épuration, il intervient en faveur de l'écrivain Henri Béraud, accusé de collaboration. Il signe la pétition des écrivains en faveur de la grâce de Robert Brasillach, qui est condamné à mort et qui sera malgré cela exécuté. Cet engagement lui vaut le surnom de « Saint-François-des-Assises ». Il rompt peu après avec le Comité national des écrivains en raison de l'orientation communiste du comité et participe à la revue des Cahiers de La Table ronde, où de jeunes écrivains de droite, qu'on appellera plus tard les Hussards, feront leurs débuts. Entre 1946 et 1953, éditorialiste au Figaro, F. Mauriac s'illustre par la virulence de son anticommunisme dans le contexte de la Guerre froide. À la Libération, il fait l'objet de violentes attaques dans la revue d'extrême droite Écrits de Paris de la part de Jean Maze (sous le pseudonyme « Orion ») qui a cité F. Mauriac dans son Nouveau Dictionnaire des Girouettes.

Ferhat Abbas déclare, dans ses révélations sur la guerre d'Algérie, s'être réjoui de la visite dans le pays d'hommes politiques ou d'intellectuels, tels que Mauriac, qui ont défendu la vérité selon laquelle avant l'indépendance « il y avait en Algérie 10 millions de musulmans qui n'étaient pas français ».

En 1952, l'année où paraît son roman Galigaï, François Mauriac reçoit le Prix Nobel de littérature pour « la profonde imprégnation spirituelle et l'intensité artistique avec laquelle ses romans ont pénétré le drame de la vie humaine ». Polémiste vigoureux, d'abord absent du débat sur la guerre d'Indochine , il prend ensuite position en faveur de l'indépendance du Maroc et de la Tunisie, puis de l'Algérie, et condamne l'usage de la torture par l'armée française (L'Imitation des bourreaux de Jésus-Christ). Il préside aussi le Comité de soutien aux chrétiens d'URSS.

Au cours des années 1960, il donne une suite à ses Mémoires intérieurs(1959), avec les Nouveaux mémoires intérieurs (1965), et publie ses Mémoires politiques(1967), ainsi qu'une hagiographie du général, De Gaulle (1964), auquel il demeurera fidèle jusqu'au bout.

Son dernier roman, Un adolescent d'autrefois reçoit un accueil enthousiaste de la critique en 1969. Une suite, Maltaverne, demeure inachevée et sera publiée de manière posthume en 1972.

II. Lisez le résumé de Thérèse Desqueyroux et répondez aux questions :

1. Où et quand se déroule l’action de ce roman ?

2. Quel est le sujet du roman ?

3. Quels sont les problèmes essentiels qui y sont soulevés ?

4. Qui sont les personnages du roman ?


Résumé

Au premier chapitre, Thérèse sort du palais de justice, dans la nuit. Une ordonnance de non-lieu vient d’être prononcée. Thérèse ne sera donc pas poursuivie par la justice, et pourtant, tous la savent coupable, son père qui est venu la chercher, son avocat qui l’accompagne, son mari qui l’attend en leur propriété d’Argelouse, le lecteur enfin, qui s’attache cependant à elle car il la sent victime.

Pendant le voyage de nuit qui, de Bordeaux, la ramène à Argelouse au milieu de la lande, Thérèse pense à sa vie passée et imagine ce qu’elle va dire à Bernard, son mari, lorsqu’elle le retrouvera; son mari qu’elle a voulu empoisonner. Ainsi les chapitres II à VIII constituent un long monologue intérieur par lequel le lecteur entre dans l’intimité de la pensée de Thérèse. C’est à la fois un retour sur le passé et une projection sur l’avenir.

Thérèse prépare, construit à l’intention de Bernard, son mari, une longue confession, qui n’est pas véritablement une plaidoirie, mais une mise à plat, un effort d’honnêteté pour essayer de comprendre ce qui s’est passé, comment elle a pu en arriver, froidement, à lui administrer du poison avec bel et bien l’intention de lui donner la mort.

Le sens de la vie de Thérèse est inscrit dans ces lignes : « Matinées trop bleues : mauvais signe pour le temps de l’après-midi et du soir. Elles annoncent les parterres saccagés, les branches rompues et toute cette boue. » Thérèse ne nie pas son crime mais cherche à l’expliquer. Elle n’a pas réfléchi, n’a rien prémédité, à aucun moment de sa vie. Nul tournant. Seule son enfance a été heureuse. Tout le reste de sa vie est comme marqué de la fatalité, elle n’en a pas été maître : mariée par convention, sans amour, seule au sein du couple, étrangère à son mari, Thérèse se sent prisonnière, son horizon est borné et sa vie ne lui appartient pas. Mais cet engluement est vécu sans révolte, la chape est trop lourde et c’est presque par hasard, sans y réfléchir, que Thérèse a l’idée du poison. C’est en tout cas sans passion, sans haine et comme mécaniquement. Et c’est cela qui la rend monstrueuse : sa froideur, son indifférence.

La longue confession qu’imagine Thérèse devrait permettre à son mari, non pas d’excuser sa femme, de lui pardonner, mais peut-être tout simplement de l’approcher et de la comprendre. Ce long monologue qui couvre plus de la moitié du livre tel un récapitulatif de sa vie depuis l’enfance, est construit autant à l’intention de Bernard que pour Thérèse elle-même qui espère toucher son mari.

Mais Thérèse arrive au bout du voyage qui la ramène chez elle, et elle se trouve, avec une brutalité inouïe, confrontée à la réalité. Bernard lui dicte sa conduite et elle n’aura pas le droit de prononcer un seul mot. Elle est écrasée, tout simplement niée en tant que personne, en tant que conscience.

La désillusion est violente et le roman, sans transition, passe du monologue intérieur au récit factuel, de l’intimité du personnage à l’extériorité la plus froide : Thérèse est consignée, recluse, puis bel et bien séquestrée… et cela au nom des conventions, de la famille et de l’honneur. L’individu est broyé.

Le dernier chapitre constitue une sorte d’épilogue : dans le respect des convenances, Bernard décide de rendre sa liberté à Thérèse; il l’accompagne jusqu’à Paris où il l’abandonne à elle-même, le plus important pour lui étant de sauver les apparences alors que Thérèse a enfin l’impression d’être libre.

À la terrasse d’un café parisien, loin de l’étouffement de la famille et de la province, les conjoints ont failli se rencontrer. Bernard a failli descendre de ses certitudes, regarder sa femme, l’interroger. Mais non. Ce serait se remettre en cause lui-même.

À la fin du livre, le lecteur a entendu la confession de Thérèse. Certes elle a posé un geste criminel, mais elle requiert le pardon de son ancien époux, et elle ne l'obtiendra pas.



III. Lisez le fragment du roman et répondez aux questions :


V. 1. Où et quand se déroule l’action de cet extrait ?

2. Quels sont les problèmes qui y sont soulevés ?

3. Dans quelle situation nous rencontrons Thérèse Desqueyroux pour la première fois ?

4. Quels problèmes discutent le père de Thérèse et son avocat ?

5. Quel visage inconnu s'est éveillé en Thérèse ? Pourquoi ?

6. Comment sont les relations entre le père et la fille ?

7. Quelles relations liaient Thérèse et son mari pandant le processus ?

8. Quels sentiments éprouvait-elle envers son mari ? envers sa vie future ?

9. Que lui conseillait son père ?

10. Pourquoi le trajet jusqu'à Argelouse est décrit avec tant de détails ?

11. Quel rêve a-t-elle vu dans la calèche ?

12. Quels troubles éprouvait Thérèse?

13. Quelle contradiction interne vivait dans son âme?

14. De quoi se souvenait-elle à la gare du Nizan ?

15. Comment se représentait-elle sa rencontre avec son mari?

16. Comment se comparait-t-elle à son amie Anne?

17. Donnez les caractéristiques des personnages de ces chapitres.

18. Quels détails ou faits ont une grande valeur dans la narration ?



CHAPITRE I

L'avocat ouvrit une porte. Thérèse Desqueyroux, dans ce couloir dérobé du palais

de justice, sentit sur sa face la brume et, profondément, l'aspira. Elle avait peur d'être

attendue, hésitait à sortir. Un homme, dont le col était relevé, se détacha d'un platane,

elle reconnut son père.

L'avocat cria __ et, se retournant vers Thérèse : __

sortir, il n'y a personne.

Elle descendit des marches mouillées. Oui, la petite place semblait déserte. Son

père ne l'embrassa pas, ne lui donna pas même un regard ; il interrogeait l'avocat Duros

qui répondait à mi-voix, comme s'ils eussent été épiés. Elle entendait confusément leurs

propos :

__

__ Il ne peut plus y avoir de surprise ?

__ Non : les carottes sont cuites, comme on dit.

__ Après la déposition de mon gendre, c'était couru.

__ Couru... couru... On ne sait jamais.

__ Du moment que, de son propre aveu il ne comptait jamais les gouttes...

__ Vous savez, Larroque, dans ces sortes d'affaires, le témoignage de la victime...

La voix de Thérèse s'éleva : __ Il n'y a pas eu de victime.

__ J'ai voulu dire : victime de son imprudence, madame.

Les deux hommes, un instant, observèrent la jeune femme immobile, serrée dans

son manteau, et ce blême visage, qui n'exprimait rien. Elle demanda où était la voiture ;

son père l'avait fait attendre sur la route de Budos, en dehors de la ville, pour ne pas

attirer l'attention. Ils traversèrent la place : des feuilles de platane étaient collées aux

bancs trempés de pluie. Heureusement, les jours avaient bien diminué. D'ailleurs, pour

rejoindre la route de Budos, on peut suivre les rues les plus désertes de la sous-

préfecture. Thérèse marchait entre les deux hommes qu'elle dominait du front et qui de

nouveau discutaient comme si elle n'eût pas été présente ; mais, gênés par ce corps de

femme qui les séparait, ils le poussaient du coude. Alors elle demeura un peu en arrière,

déganta sa main gauche pour arracher de la mousse aux vieilles pierres qu'elle longeait.

Parfois un ouvrier à bicyclette la dépassait, ou une carriole ; la boue jaillie l'obligeait à se

tapir contre le mur. Mais le crépuscule recouvrait Thérèse, empêchait que les hommes

la reconnussent. L'odeur de fournil et de brouillard n'était plus seulement pour elle

l'odeur du soir dans une petite ville : elle y retrouvait le parfum de la vie qui lui était

rendue enfin ; elle fermait les yeux au souffle de la terre endormie, herbeuse et

mouillée; s'efforçait de ne pas entendre les propos du petit homme aux courtes jambes arquées

qui, pas une fois, ne se retourna vers sa fille ; elle aurait pu choir au bord de ce chemin :

ni lui, ni Duros ne s'en fussent aperçus. Ils n'avaient plus peur d'élever la voix.

__

ordonnance : en somme, il s'agissait d'un faux... Et c'était le docteur Pédemay qui avait

porté plainte...

__ Il a retiré sa plainte...

__ Tout de même, l'explication qu'elle a donnée... cet inconnu qui lui remet une

ordonnance...

Thérèse, moins par lassitude que pour échapper à ces paroles dont on l'étourdissait

depuis des semaines, ralentit en vain sa marche ; impossible de ne pas entendre le

fausset de son père :

__

chose..."

Il le lui avait assez dit, en effet, et pouvait se rendre justice. Pourquoi s'agite-t-il

encore ? Ce qu'il appelle l'honneur du nom est saut ; d'ici les élections sénatoriales, nul

ne se souviendra plus de cette histoire. Ainsi songe Thérèse qui voudrait bien ne pas

rejoindre les deux hommes ; mais dans le feu de la discussion, ils s'arrêtent au milieu de

la route et gesticulent.

__

dimanche ; préférez-vous que je m'en charge ? Il faudrait un titre comme La rumeur

infâme...

__ Non, mon vieux ; non, non : que répondre, d'ailleurs ? C'est trop évident que

l'instruction a été bâclée ; on n'a pas même eu recours aux experts en écriture ; le

silence, l'étouffement, je ne connais que ça. J'agirai, j'y mettrai le prix ; mais, pour la

famille, il faut recouvrir tout ça... il faut recouvrir...

Thérèse n'entendit pas la réponse de Duros, car ils avaient allongé le pas. Elle

aspira de nouveau la nuit pluvieuse, comme un être menacé d'étouffement ; et soudain

s'éveilla en elle le visage inconnu de Julie Bellade, sa grand-mère maternelle inconnu :

on eût cherché vainement chez les Larroque ou chez les Desqueyroux un portrait, un

daguerréotype, une photographie de cette femme dont nul ne savait rien, sinon qu'elle était partie un jour. Thérèse imagine qu'elle aurait pu être ainsi effacée, anéantie, et que

plus tard il n'eût pas même été permis à sa fille, à sa petite Marie, de retrouver dans un

album la figure de celle qui l'a mise au monde. Marie, à cette heure, déjà s'endort dans

une chambre d'Argelouse où Thérèse arrivera tard, ce soir ; alors la jeune femme

entendra, dans les ténèbres, ce sommeil d'enfant ; elle se penchera, et ses lèvres

chercheront, comme de l'eau, cette vie endormie. Au bord du fossé, les lanternes d'une

calèche, dont la capote était baissée, éclairaient deux croupes maigres de chevaux. Au-

delà, se dressait, à gauche et à droite de la route, une muraille sombre de forêt. D'un

talus à l'autre les cimes des premiers pins se rejoignaient et, sous cet arc, s'enfonçait la

route mystérieuse. Le ciel, au- dessus d'elle , se frayait un lit encombré de branches. Le

cocher contemplait Thérèse avec une attention goulue. Comme elle lui demandait s'ils

arriveraient assez tôt pour le dernier train, à la gare de Nizan, il la rassura : tout de

même, mieux valait ne pas s'attarder.

__

__ Madame n'a plus à faire ici ?

Elle secoua la tète et l'homme la dévorait toujours, des yeux.. Devrait-elle, toute sa

vie, être ainsi dévisagée ?

__

Son père semblait enfin s'apercevoir qu'elle était là. Thérèse, d'un bref regard, scruta

ce visage sali de bile, ces joues hérissées de durs poils d'un blanc jaune que les

lanternes éclairaient vivement.

Elle dit à voix basse.

__ puis s'interrompit : à quoi bon parler ?

Il ne l'écoute pas ; ne la voit plus. Que lui importe ce que Thérèse éprouve ? Cela

seul compte : son ascension vers le Sénat interrompue, compromise à cause de cette

fille (toutes des hystériques quand elles ne sont pas des idiotes). Heureusement, elle ne

s'appelle plus Larroque ; c'est une Desqueyroux. La cour d'assises évitée, il respire.

Comment empêcher les adversaires d'entretenir la plaie ? Dès demain, il ira voir le

préfet. Dieu merci, on tient le directeur de La Lande conservatrice : cette histoire de

petites filles...

Il prit le bras de Thérèse : __

Alors l'avocat, perfidement peut-être ou pour que Thérèse ne s'éloignât pas, sans

qu'il lui eût adressé une parole, demanda si elle rejoignait dès ce soir M. Bernard

Desqueyroux.

Comme elle répondait : __ elle se

représenta pour la première fois, depuis qu'elle avait quitté le juge, qu'en effet dans

quelques heures, elle passerait le seuil de la chambre où son mari était étendu, un peu

malade encore, et qu'une indéfinie suite de jours, de nuits, s'ouvrait, au long desquels il

faudrait vivre tout contre cet homme.

Établie chez son père, aux portes de la petite ville, depuis l'ouverture de l'instruction,

sans doute avait-elle souvent fait ce même voyage qu'elle entreprenait ce soir ; mais elle

n'avait alors aucune autre préoccupation que de renseigner exactement son mari ; elle

écoutait, avant de monter en voiture, les derniers conseils de Duros touchant les

réponses que devait faire M. Desqueyroux lorsqu'il serait de nouveau interrogé aucune

angoisse chez Thérèse, en ce temps-là, aucune gêne à l'idée de se retrouver face à

face avec cet homme malade : il s'agissait alors entre eux non de ce qui s'était passé

réellement, mais de ce qu'il importait de dire ou de ne pas dire. jamais les deux époux

ne furent mieux unis que par cette défense ; unis dans une seule chair la chair de leur

petite fille Marie. Ils recomposaient, à l'usage du juge, une histoire simple, fortement liée

et qui pût satisfaire ce logicien. Thérèse, à cette époque, montait dans la même calèche

qui l'attend, ce soir mais avec quelle impatience d'achever ce voyage nocturne dont elle

souhaite à présent de ne pas voir la fin ! Elle se souvient qu'à peine en voiture, elle eût

voulu être déjà dans cette chambre d'Argelouse, et se remémorait les renseignements

qu'attendait Bernard Desqueyroux (qu'il ne craigne pas d'affirmer qu'elle lui avait parlé

un soir de cette ordonnance dont un homme inconnu l'avait suppliée de se charger, sous

prétexte qu'il n'osait plus paraître chez le pharmacien à qui il devait de l'argent... Mais

Duros n'était pas d'avis que Bernard allât jusqu'à prétendre qu'il se souvenait d'avoir

reproché à sa femme une telle imprudence...). Le cauchemar dissipé, de quoi parleront-

ils ce soir, Bernard et Thérèse ? Elle voit en esprit la maison perdue où il l'attend ; elle

imagine le lit au centre de cette chambre carrelée, la lampe basse sur la table parmi des

journaux et des fioles... Les chiens de garde que la voiture a réveillés aboient encore

puis se taisent ; et de nouveau régnera ce silence solennel comme durant les nuits où

elle contemplait Bernard en proie à d'atroces vomissements, Thérèse s'efforce

d'imaginer le premier regard qu'ils échangeront tout à l'heure ; puis cette nuit, et le

lendemain, le jour qui suivra, les semaines, dans cette maison d'Argelouse où ils

n'auront plus à construire ensemble une version avouable du drame qu'ils ont vécu.

Rien ne sera plus entre eux que ce qui fut réellement... ce qui fut réellement...

Prise de panique, Thérèse balbutie, tournée vers l'avocat (mais c'est au vieux qu'elle

s'adresse) : __

si le mieux s'accentue, je reviendrai chez mon père.

__ Ah ! ça, non, non, non, ma petite !

Et comme Gardère sur son siège s'agitait, M. Larroque reprit à voix plus basse : __

comme les deux doigts de la main... comme les deux doigts de la main, entends-tu ?

jusqu'à la mort...

__ Tu as raison, père ; où avais-je la tête ? Alors c'est toi qui viendras à Argelouse ?

'

__ Mais, Thérèse, je vous attendrai chez moi les jeudis de foire, comme d'habitude.

Vous viendrez comme vous êtes toujours venus !

C'était incroyable qu'elle ne comprît pas que la moindre dérogation aux usages

serait leur mort. C'était bien entendu ? Il pouvait compter sur Thérèse ? Elle avait causé

à la famille assez de mal...

__

Et il la poussa dans la voiture. Thérèse vit se tendre vers elle la main de l'avocat, ses

durs ongles noirs : __ , dit-il ; et c'était du fond du coeur

; si l'affaire avait suivi son cours, il n'en aurait guère eu le bénéfice ; la famille eût fait

appel à maître Peyrecave, du barreau bordelais. Oui, tout était bien...


CHAPITRE II

Cette odeur de cuir moisi des anciennes voitures, Thérèse l'aime... Elle se console

d'avoir oublié ses cigarettes, détestant de fumer dans le noir. Les lanternes éclairent les

talus, une frange de fougères, la base des pins géants. Les piles de cailloux détruisent

l'ombre de l'équipage. Parfois passe une charrette et les mules d'elles-mêmes prennent

la droite sans que bouge le muletier endormi. Il semble à Thérèse qu'elle n'atteindra

jamais Argelouse ; elle espère ne l'atteindre jamais ; plus d'une heure, de voiture jusqu'à

la gare de Nizan ; puis ce petit train qui s'arrête indéfiniment à chaque gare. De Saint-

Clair même où elle descendra jusqu'à Argelouse, dix kilomètres à parcourir en carriole

(telle est la route qu'aucune auto n'oserait s'y engager la nuit). Le destin, à toutes les

étapes, peut encore surgir, la délivrer ; Thérèse cède à cette imagination qui l'eût

possédée, la veille du jugement, si l'inculpation avait été maintenue : l'attente du

tremblement de terre. Elle enlève son chapeau, appuie contre le cuir odorant sa petite

tête blême et ballottée, livre son corps aux cahots. Elle avait vécu, jusqu'à ce soir, d'être

traqué ; maintenant que la voilà sauve, elle mesure son épuisement. joues creuses,

pommettes, lèvres aspirées, et ce large front, magnifique, composent une figure de

condamnée oui, bien que les hommes ne l'aient pas reconnue coupable, condamnée à

la solitude éternelle. Son charme, que le monde naguère disait irrésistible, tous ces

êtres le possèdent dont le visage trahirait un tourment secret, l'élancement d'une plaie

intérieure, s'ils ne s'épuisaient à donner le change. Au fond de cette calèche cahotante,

sur cette route frayée dans l'épaisseur obscure des pins, une jeune femme démasquée

caresse doucement avec la main droite sa face de brûlée vive. Quelles seront les

premières paroles de Bernard dont le faux témoignage l'a sauvée ? Sans doute ne

posera-t-il aucune question, ce soir... mais demain ? Thérèse ferme les yeux, les rouvre

et, comme les chevaux vont au pas, s'efforce de reconnaître cette montée. Ah ! ne rien

prévoir. Ce sera peut-être plus simple qu'elle n'imagine. Ne rien prévoir. Dormir...

Pourquoi n'est-elle plus dans la calèche ? Cet homme derrière un tapis vert : le juge

d'instruction... encore lui... Il sait bien pourtant que l'affaire est arrangée. Sa tête remue

de gauche à droite : l'ordonnance de non-lieu ne peut être rendue, il y a un fait nouveau.

Un fait nouveau ? Thérèse se détourne pour que l'ennemi ne voie pas sa figure

décomposée.

__

pèlerine celle dont vous n'usez plus qu'en octobre, pour la chasse à la palombe, n'avez-

vous rien oublié, rien dissimulé ?

Impossible de protester ; elle étouffe.

Sans perdre son gibier des yeux, le juge dépose sur la table un paquet minuscule,

cacheté de rouge. Thérèse pourrait réciter la formule inscrite sur l'enveloppe et que

l'homme déchiffre d'une voix coupante : Chloroforme : 30 grammes. Aconitine : granules

no 20. Digitaline sol. : 20 grammes.

Le juge éclate de rire... Le frein grince contre la roue. Thérèse s'éveille ; sa poitrine

dilatée s'emplit de brouillard (ce doit être la descente du ruisseau blanc). Ainsi rêvait-

elle, adolescente, qu'une erreur l'obligeait à subir de nouveau les épreuves du Brevet

simple.

Elle goûte, ce soir, la même allégeance qu'à ses réveils d'alors : à peine un peu de

trouble parce que le non-lieu n'était pas encore officiel : __

être d'abord notifié à l'avocat...

Libre... que souhaiter de plus ? Ce ne lui serait qu'un jeu de rendre possible sa vie

auprès de Bernard. Se livrer à lui jusqu'au fond, ne rien laisser dans l'ombre : voilà le

salut. Que tout ce qui était caché apparaisse dans la lumière, et dès ce soir. Cette

résolution comble Thérèse de joie. Avant d'atteindre Argelouse, elle aura le temps de

préparer sa confession , selon le mot que sa dévote amie Anne de la Trave répétait

chaque samedi de leurs vacances heureuses. Petite soeur Anne, chère innocente,

quelle place vous occupez dans cette histoire ! Les êtres les plus purs ignorent à quoi ils

sont mêlés chaque jour, chaque nuit, et ce qui germe d'empoisonné sous leurs pas

d'enfants.

Certes elle avait raison, cette petite fille, lorsqu'elle répétait à Thérèse, lycéenne

raisonneuse et moqueuse : __

après le pardon lorsque, la place nette, on peut recommencer sa vie sur nouveaux frais.

Il suffisait à Thérèse d'avoir résolu de tout dire pour déjà connaître, en effet, une

sorte de desserrement délicieux : __

Que lui dirait-elle ? Par quel aveu commencer ? Des paroles suffisent-elles à

contenir cet enchaînement confus de désirs, de résolutions, d'actes imprévisibles ?

Comment font-ils, tous ceux qui connaissent leurs crimes ? ...

__

Je ne sais pas ce que j'ai voulu. je n'ai jamais su vers quoi tendait cette puissance

forcenée en moi et hors de moi : ce qu'elle détruisait sur sa route, j'en étais moi-même

terrifiée...

Une fumeuse lampe à pétrole éclairait le mur crépi de la gare de Nizan et une

carriole arrêtée. (Que les ténèbres se reforment vite à l'entour.) D'un train garé venaient

des mugissements des bêlements tristes.

Gardère prit le sac de Thérèse, et de nouveau il la dévorait des yeux.

Sa femme avait dû lui recommander : __

quelle tête elle fait...

Pour le cocher de M. Larroque, Thérèse d'instinct retrouvait ce sourire qui faisait dire

aux gens : __

Elle le pria d'aller prendre sa place au guichet, car elle craignait de traverser la salle

d'attente où deux métayères assises, un panier sur les genoux et branlant la tête,

tricotaient. Quand il rapporta le billet, elle lui dit de garder la monnaie. Il toucha de la

main sa casquette puis, les rênes rassemblées, se retourna une dernière fois pour

dévisager la fille de son maître. Le train n'était pas formé encore. Naguère, à l'époque

des grandes vacances ou de la rentrée des classes, Thérèse Larroque et Anne de la

Trave se faisaient une joie de cette halte à la gare du Nizan. Elles mangeaient à

l'auberge un oeuf frit sur du jambon puis allaient, se tenant par la taille, sur cette route si

ténébreuse ce soir ; mais Thérèse ne la voit, en ces années finies, que blanche de lune.

Alors elles riaient de leurs longues ombres confondues. Sans doute parlaient-elles de

leurs maîtresses, de leurs compagnes l'une défendant son couvent, l'autre son lycée.

__ Thérèse prononce son nom à haute voix dans le noir.

C'était d'elle qu'il faudrait d'abord entretenir Bernard... Le plus précis des hommes,

ce Bernard : il classe tous les sentiments, les isole, ignore entre eux ce lacis de défilés,

de passages. Comment l'introduire dans ces régions indéterminées où Thérèse a vécu,

a souffert ? Il le faut pourtant.

Aucun autre geste possible, tout à l'heure, en pénétrant dans la chambre, que de

s'asseoir au bord du lit et d'entraîner Bernard d'étape en étape jusqu'au point où il

arrêtera Thérèse : __ .

Elle traversa à tâtons le jardin du chef de gare, sentit des chrysanthèmes sans les

voir. Personne dans le compartiment de première, où d'ailleurs le lumignon n'eût pas

suffi à éclairer son visage. Impossible de lire : mais quel récit n'eût paru fade à Thérèse,

au prix de sa vie terrible ? Peut-être mourrait- elle de honte ; d'angoisse, de remords, de

fatigue mais elle ne mourrait pas d'ennui. Elle se rencogna, ferma les yeux. était-il

vraisemblable qu'une femme de son intelligence n'arrivât pas à rendre ce drame

intelligible ?

Oui, sa confession finie, Bernard la relèverait : __

t'inquiète plus. Dans cette maison d'Argelouse, nous attendrons ensemble la mort, sans

que nous puissent jamais séparer les choses accomplies. J'ai soif. Descends toi-même

à la cuisine. Prépare un verre d'orangeade. je le boirai d'un trait, même s'il-est trouble.

Qu'importe que le goût me rappelle celui qu'avait autrefois mon chocolat du matin ? Tu

te souviens, ma bien-aimée, de ces vomissements ? Ta chère main soutenait ma tête ;

tu ne détournais pas les yeux de ce liquide verdâtre ; mes syncopes ne t'effrayaient pas.

Pourtant, comme tu devins pâle cette nuit où je m'aperçus que mes jambes étaient

inertes, insensibles. je grelottais, tu te souviens ? Et cet imbécile de docteur Pédemay

stupéfait que ma température fût si basse et mon pouls si agité... .

__

commencement...

Où est le commencement de nos actes ? Notre destin, quand nous voulons l'isoler,

ressemble à ces plantes qu'il est impossible d'arracher avec toutes leurs racines.

Thérèse remontera-t-elle jusqu'à son enfance ? Mais l'enfance est elle-même une fin, un

aboutissement. L'enfance de Thérèse : de la neige à la source du fleuve le plus sali. Au

lycée, elle avait paru vivre indifférente et comme absente des menues tragédies qui

déchiraient ses compagnes.

Les maîtresses souvent leur proposaient l'exemple de Thérèse Larroque : __

Thérèse ne demande point d'autre récompense que cette joie de réaliser en elle un type

d'humanité supérieure. Sa conscience est son unique et suffisante lumière. L'orgueil

d'appartenir à l'élite humaine la soutient mieux que ne ferait la crainte du châtiment...

Ainsi s'exprimait une de ses maîtresses.

Thérèse s'interroge : __

précède mon mariage prend dans mon souvenir cet aspect de pureté ; contraste, sans

doute, avec cette ineffaçable salissure des noces. Le lycée, au-delà de mon temps

d'épouse et de mère, m'apparaît comme un paradis. Alors je n'en avais pas conscience.

Comment aurais-je pu savoir que dans ces années d'avant la vie je vivais ma vraie vie ?

Pure, je l'étais : un ange, oui ! Mais un ange plein de passions. Quoi que prétendissent

mes maîtresses, je souffrais, je faisais souffrir. je jouissais du mal que je causais et de

celui qui me venait de mes amies ; pure souffrance qu'aucun remords n'altérait :

douleurs et joies paissaient des plus innocents plaisirs.

La récompense de Thérèse, c'était, à la saison brûlante, de ne pas se juger indigne

d'Anne qu'elle rejoignait sous les chênes d'Argelouse.

Il fallait qu'elle pût dire à l'enfant élevée au Sacré- Coeur : __

pure que tu l'es, je n'ai pas besoin de tous ces rubans ni de toutes ces rengaines...

Encore la pureté d'Anne de la Trave. était-elle faite surtout d'ignorance. Les dames

du Sacré-Coeur interposaient mille voiles entre le réel et leurs petites filles.

Thérèse les méprisait de confondre vertu et ignorance : __

connais pas la vie... , répétait-elle en ces lointains étés d'Argelouse.

Ces beaux, étés... Thérèse, dans le petit train qui démarre enfin, s'avoue que c'est

vers eux qu'il faut que sa pensée remonte, si elle veut voir clair. Incroyable vérité que

dans ces aubes toutes pures de nos vies, les pires orages étaient déjà suspendus,

matinées trop bleues : mauvais signe pour le. temps de l'après-midi et du soir. Elles

annoncent les parterres saccagés, les branches rompues et toute cette boue. Thérèse

n'a pas réfléchi, n'a rien prémédité à aucun moment de sa vie ; nul tournant brusque :

elle-a descendu une pente insensible, lentement d'abord puis-plus vite. La femme

perdue de ce soir, c'est bien le jeune être radieux qu'elle fut durant les étés de cet

Argelouse où voici qu'elle retourne furtive et protégée par la nuit. Quelle fatigue ! A quoi

bon découvrir les ressorts secrets de ce qui est. accompli ? La jeune femme, à travers

les vitres, ne distingue rien hors le reflet de sa figure morte. Le rythme du petit train se

rompt ; la locomotive siffle longuement, approche avec prudence d'une gare. Un falot

balancé par un bras, des appels en patois, les cris aigus des porcelets débarqués :

Uzeste déjà. Une station encore, et ce sera Saint-Clair d'où il faudra accomplir en

carriole la dernière étape vers Argelouse. Qu'il reste peu de temps à Thérèse pour

préparer sa défense !


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